12 juillet 2023 – Cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire. Le soulagement d’obtenir une réponse. Une validation de mes observations.
Ce jour-là, après une nuit sans sommeil à l’urgence et une soirée cauchemardesque, le diagnostic est tombé comme un beaume sur mon coeur. Certains disent que diagnostiquer, c’est stigmatiser. Je peux le comprendre. Dans mon cas, ça a été salutaire. Nous n’aurions pas initié le chemin de l’école à la maison sans ce point de départ-là. Nous n’aurions pas la vie plus tranquille que nous menons aujourd’hui sans se questionner sur la légitimité de ce hors-piste.
Pendant des années, j’ai eu l’impression d’errer sans réponse. J’avais le sentiment que quelque chose n’allait pas, mais je ne me faisais pas assez confiance pour aller au bout de ma démarche. Je glissais subrepticement un mot à ce sujet à mon entourage. Personne ne prenait la mesure de notre quotidien. Je me sentais seule avec ma conviction profonde et mes doutes. Tout se mélangeait à l’intérieur de moi. Les doutes ; la conviction. Ça faisait du bruit dans ma tête.
La première fois que je suis allée consulter pour G., il avait deux ans et huit mois. Or, j’avais déjà pris plusieurs mois de réflexion avant de me lancer dans ma quête de réponse. Dans la recherche d’une validation, d’une main tendue. Je suis ressortie de là ébranlée. La psy m’avait dit que je n’avais pas à être là. Trop tôt et, selon ses mots, « de toute façon, parfois, il vaut mieux ne pas savoir ». J’en étais restée estomaquée. Je n’avais pas pleuré, je crois. Entourée de G., et, me semble-t-il, de M., sa soeur, j’avais ravalé mes larmes. Je m’étais sentie encore plus seule. Il faut dire qu’en ce temps-là, mon chum pensait que G. manquait d’encradrement. Qu’il fallait être plus sévère. Mal élevé, il disait. Ça avait creusé un tel fossé entre nous.
Quatre mois plus tard, je reprenais mon courage à deux mains. Crime, je le sentais, pour ne pas dire je le savais, qu’il y avait quelque chose. Clinique privée de neuropsy : je demande le coût d’une évaluation pour un enfant de 3 ans. Eh la la ! Hors budget. J’ai battu en retraite une fois de plus. Et pourquoi n’en ai-je pas parlé à sa pédiatre, me direz-vous ? Parce qu’elle avait l’air de le trouver bien normal, ce coco-là. Il disait le bon nombre de mots pour son âge, il suivait du regard, il répondait à son prénom. J’avais peur de passer pour une mère poule démesurément anxieuse qui se pose beaucoup trop de questions … Parce que j’étais bien consciente d’être du genre cérébral, que la moindre contrariété me donnait mal à la tête, que je réfléchissais beaucoup … Alors non. Je ne lui en avais pas parlé.
Puis est venue la pandémie. La pédiatre est partie à la retraite. G. s’est retrouvé suivi par notre nouvelle médecin de famille. Auprès d’elle, toute jeune, sans prétention de connaissances pédiatriques poussées, j’ai réussi à m’exprimer à demi-mot.
« Est-ce que l’hypersensibilité existe ? Et si oui, est-ce qu’elle se traite ? »
Je le savais bien que l’hypersensibilité existait. C’est pour cette raison que j’avais pris cette porte d’entrée-là pour, de nouveau, exprimer que quelque chose clochait. Je me sentais tellement petite avec mes seules convictions profondes pour émettre de d’autres hypothèses de diagnostic. J’y suis allée petitement.
« Ça existe oui, vous pourriez aller en ergothérapie ».
Il avait quatre ans. Nous étions finalement en route, mais ça allait prendre encore trois ans avant que le couvercle de la marmite n’explose et qu’on obtienne, par la force des choses, un diagnostic. Le 12 juillet 2023.

